HISTOIRE DE L’ART / CONFÉRENCES THÉMATIQUES

L’eau

L'eau est d'abord maternelle, et son symbolisme revêt trois apparences corollaires: source de vie, régénération, purification.

Dans la cosmogonie, le mythe, le rituel ou l'iconographie, elle est toujours investie d'une même fonction de précéder et supporter toute création, "substance primordiale dont nais sent toutes les formes et dans laquelle elles reviennent par régression ou cataclysme". Et l'immersion, qui est dissolution, régression, est aussi totale régénération, nouvelle nais sance.

Mais l'eau est aussi présence de la mort. Le schème du mouvement se réfère à une répu gnance instinctive de l'agitation, du grouillement, où va s'insérer l'archétype du chaos.

Changement et bruit sont effroi affectif devant la fuite du temps, et l'eau

courante, les va gues bondissantes, suggèrent le caractère terrifiant et infernal de l'abîme aquatique.D'où la génération de monstres. Étudiant le symbolisme chrétien, Mircea Éliade note que la descente du Christ dans le Jourdain est aussi descente dans les eaux de la mort, af frontement avec le dragon Behemoth qui s'y cache.

Et se glisse alors l'image de la "Mère terrible”, la mère dévorante (la psychanalyste Doro thy Bloch a montré combien la peur de l'infanticide était présente dans la pensée de l'en fant, et au-delà), à laquelle se rattachent toutes les images féminines néfastes liées à l'eau dans l'Odyssée : sirènes, Circé, Calypso.

1.0

SYMBOLES MATERNELS

DE SÉCURISATION

Sandro Botticelli (1445-1510) Naissance de Vénus

1.1

L'eau maternelle
et féminine

“ Le sens maternel de l'eau, dit Jung, est une des interprétations symboliques les plus clai res de la mythologie... C'est de l'eau que vient la vie... Dans les rêves ou les fantaisies, toute étendue d'eau assez vaste désigne l'inconscient. L'aspect maternel de l'eau coïncide avec la nature de l'inconscient en ce sens que ce dernier peut être regardé comme la mère, la matrice de la conscience.”

Prenons trois fragments:

“Ces eaux calmes sont de lait” (Saint-John-Perse, Éloges) 
“... ta chevelure est une rivière tiède” (Mallarmé, Terre de songe) 
“.. Pour que tu les berces, ô mer maternelle” (Jean Moréas, Les cantilènes) Trois évocations d'eau féminine fondées sur: une matière (laiteuse), des qualités (calme,  tiédeur), un mouvement (le bercement). 

— Odilon Redon (1840-1916) Les yeux clos

L'oeuvre qui leur répond de la manière la plus significative peut-être est Les yeux clos (1890, musée d'Orsay) d'Odilon Redon (1840/1916), un grand et pur visage de femme émergé d'un peu d'onde. L'intériorité manifestée dans les yeux clos s'y conjugue avec la souplesse de la facture, la tiédeur des teintes (ocres, bruns, mauves rosés et turquoises), la douceur du clair-obscur qui fond dans une ombre pâle la moitié du visage, la légèreté de la lumière qui pose sur l'eau un reflet laiteux répercuté à la base du cou, sur la joue et la lèvre. Le geste même de peindre semble tout de délicatesse: touche souple, cares sante, balayage de l'eau qui est lui-même bercement. Peinture d'autant plus symbolique qu'elle inaugure le passage de l'artiste à la couleur. Jusque-là il n'avait travaillé que le noir, produisant dessins, gravures et lithographies où se multipliaient d'ailleurs les thèmes dra matiques (monstres, démembrements, yeux en vol ou têtes coupées, véritable hantise des ténèbres).

— Odilon Redon (1840-1916) L’araignée souriante

Puis, brusquement, des schèmes de la distinction/ascension, Redon passe de la manière la plus évidente à ceux de la fusion, aux symboles de l'intimité, Ce qui entraîne, avec les changements techniques, les transformations thématiques: apparaissent la grotte, la boîte, la fleur, la coquille et la barque, la femme et l'eau.

— Sandro Botticelli (1445-1510) Naissance de Vénus

Coquille et femme

La coquille et la barque, la première pour des raisons morphologiques (évocation du  sexe féminin) et de protection, la deuxième pour son double rapport à la protection et à  l’habitacle, vont revêtir les mêmes aspects maternels. 

— Charles Laughton (1899-1962) La nuit du chasseur

La barque protectrice des enfants, la mère au fond de l’eau, image mythique s’il en fût, dont la chevelure ondoie avec les vaques, alors qu’elle gît dans la voiture, véhicule psychopompe des temps modernes.

— Gustav Klimt (1862-1918) Les poissons rouges

Femme et cheveux flottant comme des algues. 

1.2

Emersion et immersion

Le thème de Vénus/Aphrodite reconduit constamment les deux images. Elle a surgi de la mer; elle est la déesse privilégiée du bain rituel, confiée à Paphos aux mains des Çharites qui “la baignent et la parfument de l'huile ambroisienne” (Ovide).

— William Bouguereau (1825-1905) Naissance de Vénus
Cabanel

Evocation de douceur et tiédeur que complète celle d'odeurs chaudes, suggestions senso rielles où se retrouvent les archétypes de l'intimité, d'autant que le bain est généralement secret (les plus célèbres baigneuses de la Bible et de la Mythologie, Suzanne, Bethsabée, Diane, cachent leur nudité), que l'on y descend et s'y plonge. Repliement intime, manifesté par l'assistance de servantes tout autant que par l'abondance des voiles, le «ramassé » des gestes, le calfeutrage des espaces. C'est le cas de toutes les Suzanne et les Bethsa bée, certes figurées dans leurs jardins clos, mais aussi de toutes les Diane et des simples «femmes à la toilette» (École de Fontainebleau, Bain turc d'Ingres, baignoires de Bon nard,...).

— Théodore Chassériau (1819-1856) La toilette d’Esther

— École de Fontainebleau (vers 1570) Sabina Poppea

— Raphaelle Peale (1774-1825) Après le bain, 1823

Re-naissance

Parlant du baptême, Saint Jean Chrysostome (349-407) indique que "quand nous plon geons notre tête dans l'eau comme dans un sépulcre, le vieil homme est immergé, ense veli tout entier; quand nous sortons de l'eau, un nouvel homme apparaît simultanément”. L'immersion est deuxième naissance.

1.3

L'île

Sans doute sont-ce les mêmes valeurs d'intimité, et à l'origine le même mythe, qui portent l'image de cet autre lieu clos, l'île. Aphrodite, raconte Hésiode, “toucha d'abord à Cythère la divine d'où elle fut ensuite à Chypre qu'entourent les flots”.

Images publicataires

— Léonard de Vinci (1452-1519) La vierge aux rochers
Au-delà de la grotte-matrice, de l’eau, une île.

— Jean Cousin le père (vers 1503-1560) Eva Prima Pandora
Reprise (imitation?) de la même grotte.

— Kay Nielsen (1886-1957) Illustration de Blanche Neige

2.0

SYMBOLES DE MORT

John, William Waterhouse (1849-1917) Lady of Shalott, 1888

2.1

Caron

Si l'on se réfère aux rites et mythes, l'on constate qu'un peu partout la barque porte les âmes des morts vers l'au-delà. Mais il s'agit là d'un passage, voyage involontaire, éven tuellement accompagné d'une descente vers les profondeurs. 

2.2

Ophélie

Différente est la pénétration, la plongée lente, qui va caractériser l'ophélisation qui est acceptation, voire désir de mort. Rappelons le récit de la mort d'Ophélie : « Ses vêtements se sont étalés et l'ont soutenue un moment, nouvelle sirène, pendant  qu'elle chantait des bribes de vieilles chansons, comme insensible à sa propre détresse, ou comme une créature naturellement formée pour cet élément. Mais cela n'a pu durer  longtemps : ses vêtements, alourdis par ce qu'ils avaient bu, ont entraîné la pauvre mal heureuse de son chant mélodieux à une mort fangeuse.» 

– Everett Millais (1829-1896) Ophélie

Le préraphaélite Everett Millais en tire une peinture (Londres, Tate Gallery) qui suit lit téralement le texte: portée sur un flot noir, environnée des fleurs qu'elle a lâchées, cheve lure éparse sur l'onde, robe à demi immergée, Ophélie glisse entre les deux berges fleu-ries du ruisseau, sous le saule mentionné dans Hamlet. Trop descriptive pour être très  forte, l'oeuvre cependant résonne en notre corps, et l'eau nous porte avec Ophélie, nous enveloppecommeelle, nousflottons sur elle, en elle, tombe/berceau qu'accuse le paysage verdoyant, riant et pourtant inquié tant , quil'enserre; l'eau est la nuit qui engloutit, la végétation, fouillis inextricable, mur que l'oeil ne peut pé nétrer, en devient le couvercle. 

– John, William Waterhouse (1849-1917) Lady of Shalott, 1888

Enlacement, engloutissement, dissolution aussi, et la petite sirène d'Andersen, retournée à son élément, «sentit son corps se dissoudre en écume. Et le soleil s'éleva sur la mer, ses rayons tombèrent doux et chauds sur la froide écume marine, et la petite ondine ne  sentit pas la mort». 

– Hugo Pratt (1927-1995) Ballade de la mer salée
Dissolution de Corto Maltese

2.3

Narcisse, les eaux dormantes

Narkissos en grec se forme avec narké, engourdissement. La mythologie y relie les deux idées essentielles d'illusion et de mort. Fasciné par son reflet, Narcisse y perdra la vie, et de son sang, près de l'eau immobile qui l'a conduit à la folie, naîtra la fleur qui, à son tour,

entraînera Perséphone dans le gouffre infernal. Rien de riant d'ailleurs dans le récit d'Ovide (Métamorphoses):

 “Il était une source limpide aux eaux brillantes et argentées que nul n'avait troublée... et la forêt empêchait le soleil de jamais réchauffer ces lieux”. Et c'est près “d'un lac aux eaux profondes”, bordé de tous côtés d'une forêt “qui fait à ces eaux  une couronne de feuillages qui, comme un voile, l'abrite des feux de Phoebus”, 

que disparaîtra Perséphone/Proserpine...

Ainsi se tissent en ambiguïtés les images de l'eau miroitante, et le mot grec d'engourdisssement est bien caractéristique, qui suggère le piège où l'on s'englue, dont on ne peut se défaire. Car tout reflet dans l'eau est illusion, et sa contemplation vertige des profondeurs, sous-tendue par un double sentiment d'attirance et de crainte.

– Jacques Demy (1931-1990) Peau d’Ane
(et son reflet avec un nénuphar blanc)

– Claude Monet (1840-1926) Les nymphéas

Claude Monet - Les nymphéas

2.4

Orphée

– Jean Cocteau (1889-1963) Orphée
Passage d’Orphée à travers le miroir

La fin tragique d'Orphée, déchiré par les Ménades (ou les femmes thraces) et jeté, dé membré, aux eaux de l'Hèbre, n'a pas manqué d'inspirer la peinture.

En 1934, l'Orphée de Jacques Villon (coll. part. Paris) concentrera toute l'ampleur du mythe: montée vers la lumière et descente aux enfers, vie et mort conjuguées et restituées dans la disparition et renaissance conjointes des deux héros. L'oeuvre se construit de fa çon très curieuse, entièrement barrée, en diagonale, d'une étroite bande qui contient le personnage et traverse la toile de bas en haut. II semblerait donc qu'il n'y ait pas chute, mais remontée. Mais de qui? Est-ce Eurydice? Orphée? Sont-ils là tous les deux? Et re montée vers où? Aucune indication de lieu. La forme est égarée dans la parfaire unité bleue du fond. Y a-t-il d'ailleurs vraiment remontée? Le corps, allongé, semble glisser, fuir, ou être absorbé, vers l'angle de la toile. L'immatérialité du fond noie et avale la forme comme une onde, n'en laissant subsister que des fragments. Fragments qu'il faut interroger: une jambe vue de face, un bras de dos et l'arrière de la tête. Le même? un autre? Tout se passe comme si Villon avait resserré là la légende entière: descente aux enfers, retournement d'Orphée et disparition d'Eurydice, Orphée déchiqueté... Représentation démembrée d'un seul personnage, évanouissement de deux, plongée dans l'inconnu, absorption dans l'immatériel, autant de possibilités que synthétisent cette vue fragmentaire et ce fond uniforme où l'espace se donne comme totalement vierge.

Espace du néant: le bleu est la couleur du vide. Il dématérialise symboliquement tout ce qui se prend en lui, il  est chemin de l'infini où se transforme le réel en imaginaire. Entrer dans le bleu, c'est, comme Alice, passer de l'autre côté du miroir. 

– Jacques Villon (1875-1963) Le nageur
Point de départ du précédent

Jacques Villon (1875-1963) Le nageur

2.5

Les images de l'eau violente

«L'eau violente est un des premiers schèmes de la colère universelle», écrit Bachelard, qui constate qu'elle récupère toutes les métaphores de la colère animale. Elle aboie, rugit, gronde, se tord, “bave et gémit en les roches concaves, En tordant sa queue en les roches concaves” (Moréas), etc. Dans le vocabulaire plastique, ce sont toutes les oppositions qui vont jouer : montée et descente de la vague, ombre des creux et blancheur des écumes, précision du dessin de la lame et flou des crêtes embrumées, liquidités et mous ses cotonneuses, matière lissée et jetés d'éclaboussures.

Le déluge

L'eau peut ravager et engloutir; à l'extrême, c'est le déluge. “En ce jour-là toutes les sour ces du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent” (la Genèse).

En 1866 paraît la première édition de la Bible illustrée par Gustave Doré. Trois gravures concernent le Déluge, mise en scène développant les moments successifs du désastre montée des eaux, paroxysme, renouveau.

– Doré (1832-1883) Le déluge
Sur la première montent des grappes humaines en double pyramide l'une dans la lumière, à gauche. L'autre, à droite, dans la pénombre. Entre les deux se dé verse le flot, çà et là semé d'animaux et personnages luttant contre le courant qui les em porte. La figuration précise des détails théâtralise fortement, multipliant les anecdotes (ar bre mort où s'agrippe un magma humain, gestes frénétiques, etc.). L'effet est cependant surtout porté par la lumière qui, comme toujours chez Doré, souligne d'un éclat lunaire sans véritable réalisme les grandes masses, en opposition symétrique droite/gauche, mais aussi écrans successifs qui creusent la profondeur jusqu'aux ombres denses, ténèbres impénétrables, du fond. La deuxième gravure amène l'anéantissement à son terme. Doré recourt encore au descriptif pour signifier la tragédie: une tigresse tente de sauver son petit, un couple emporté par les flots juche ses enfants sur le seul rocher encore préservé, quelques corps tourbillonnent dans l'eau... La chute proche, le point culminant du drame, se manifestent par la centralisation de la construction pyramidale. Rocher, enfants, tigresse, s'étagent en contre-plongée ascendante, soulignée par la puissante montée de la vague qui éclate en jaillissement d'écume. Un flash de lumière souligne la masse centrale, à l'horizon la mer heurte le couvercle du ciel, noir contre noir.

– Bilal et Christin () Le vaisseau de pierre

– Hiroshige (1797-1858) Les tourbillons de Maruto à Awa

3.0

SYMBOLISME DE

RÉGÉNÉRATION

Néréides, Rubens (1577–1640) Débarquement de Marie de Médicis

3.1

Eaux courants, pures et fraîches

Un symbolisme général de purification est associé à l'eau/matrice universelle qui guérit, rajeunit, pérennise.

C'est aux schèmes dynamiques qu'il faut rapporter l'eau courante. Mais le mouvement se fera différent selon qu'elle est ru, ruisseau, rivière, torrent ou fleuve, selon qu'elle est source, fontaine ou geyser, chute, cascade ou cataracte. De l'ondoiement aux remous et tourbillons, l'eau qui coule emprunte une variété infinie de verbes d'animation: elle ser

pente, glisse, circule, court, ruisselle, afflue, se précipite, bondit, bouillonne. Celle de la fontaine s'écoule, se répand, s'épanche ou se déverse, celle de la source sourd, jaillit ou gicle, le geyser s'élance et monte, la cascade saute et chute, éclaboussant ou aspergeant. L'image de la pluie est aussi sujette à gradations, car, bénéfique semence divine, elle peut aussi devenir le déluge qui noie et engloutit. Aussi se fera-t-elle petite ou grosse, fine, tor rentielle ou diluvienne, tombera-t-elle en bruine légère, giboulées, averse, cataractes, trombe.

– Photo d’eaux bouillonnantes

– Photo de cascade

– Hokusai (1760-1849) Cascade de Amida sur la route de Kisokaido

Assperision, jaillissement

A l’inverse de l’immersion (cf. plus haut) qui est d’abord descente aux portes de la mort et re-naissance, l’aspersion purifie sans dissolution. Elle porte des valeurs dynamiques et s’associe aux nageuses des mythes.

“Je ferai sur vous une aspersion d'eau pure, dit Ezéchiel, et vous serez purs”; et Zacharie “En ce temps-là une source jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jéru salem, afin d'effacer leurs péchés et toute souillure.”

– Hiroshige (1797-1858) 53 étapes sur la toute du Tokaido

La série des Cinquante-trois Stations du Tōkaidō, constitue une collection d'estampes japonaises (ukiyo-e) réalisées par Hiroshige à la suite de son premier voyage le long de la route du Tōkaidō en 1832.

– Toyokuni II (1777-1835) Pluis nocturne à Oyama

Aux valeurs générales de pureté, fécondité, féminité, s'associent les idées de tonicité et virilité.

– Jacomo

Toutes nuances contenues dans le mythe de Diane, déesse virile: à la source murmurante “dont l'eau remplit un large bassin, elle avait coutume, après les fatigues de la chasse, de répandre une rosée limpide sur son corps virginal” (Ovide, Métamorphoses III).

– Boucher et Watteau (1703-1770) Diane au bain

La naïade est, étymologiquement, «celle qui nage»; et comme la nymphe (oréade, dryade, hamadryade ou néréide), elle est liée à l'eau mouvante.

– Oréades (1825-1905) Bouguereau

– Néréides, Rubens (1577–1640) Débarquement de Marie de Médicis

– Jean Honoré Fragonard (1732–1806) Les baigneuses

– Édouard Manet (1832-1883) Le déjeuner sur l’herbe

4.0

LES ÉCRITURES

DE L’EAU

Katsushika Hokusai (769-1849) Le vague 

4.1

Le Lorrain

L'eau mouvante et claire est son sujet privilégié. Sa présence constante dans les paysages amène à se demander, bien qu'elle n'y garde en apparence qu'un rôle se condaire, si elle n'est pas le véritable objet du tableau, complément essentiel de la lumière dans la fondamentale suggestion du temps écoulé et revenu. L'intérêt que le peintre lui accorde n'est pas de pure convention: il en précise les formes diverses, propose à l'ana lyse une écriture différenciée des torrents bondissants (Paysage avec torrent, coll. part.), des cascades bouillonnantes (Vue imaginaire de Tivoli, New York, gal. Feigen), fleuves écumants (Paysage avec figures dansant, Rome, gal. Doria Pamphili), rivières miroitantes (Pâris et OEnone), lacs immobiles (Paysage avec bergers, Ottawa, Galerie nationale). Son pinceau frise les écumes, ourle les vaguelettes, lisse les surfaces.

Densité/fluidité

– Claude Monet (1840-1926) Grosse mer à Etretat 

– Eugène Boudin (1824–1898) Port de Camaret (1872) 

– Claude Monet (1840-1926) Le port d’Argenteuil 

– Paul Cézanne (1879-1880) Le pont de Maincy

Mouvance/immobilité

– Antonio Canaletto (1688-1782) Venise 

– Francesco Guardi (1712-1793) Venise 

– William Turner (1775–1851) Van Tromp embarque un coup de mer 

– Maurice Estève (1904-2001) Sinaise
(rivière de sa région du Berry)

Graphisme

– Katsushika Hokusai (769-1849) Le vague 

– Bunker et Chics, Les limites du néant 

– Guido Crepax (1933-2003) Valentina 

La mer en Hollande, spécialistes de marines 

– Jan Van de Cappelle (1624-1679) La régate

Prochaine Conférence :
Figuration de L’espace