Images de révolutions

En 1791 le Salon est ouvert à tous les artistes vivants par un décret de l'Assemblée nationale

En juillet 1793, la Convention supprime toutes les académies et crée une Commune générale des arts avec pour président Jean-Bernard Restout (1732-1797) "La liberté est produite par ce même enthousiasme qui crée les productions du génie" (Boissy d'Anglas). "L'égalité des droits qui fait la base de la Constitution a permis à tout citoyen d'exposer sa pensée ; cette égalité légale doit permettre à tout artiste d'exposer son ouvrage: son tableau, c'est sa pensée; son exposition publique, c'est sa permission d'imprimer." (Barère).

Est donc conquise la liberté pour tous les artistes d'exposer au Salon, jusqu'alors réservé aux seuls membres de l'Académie royale. David en dicte le programme : "Chacun de nous est comptable à la patrie des talents qu'il a reçus de la nature [...]. Le vrai patriote doit saisir avec avidité tous les moyens d'éclairer ses concitoyens, et de présenter sans cesse à leurs yeux les traits sublimes d'héroïsme et de vertu." Sans cesse appelle-t-on les artistes à représenter les faits glorieux de la Révolution, mais les oeuvres produites dans ce registre sont rares. 

Les événements se succèdent à un rythme accéléré; or les artistes travaillent lentement, et il faut du temps pour la conception et la réalisation d'œuvres apologétiques nécessairement en grands formats. D'où le fait que Le Serment du Jeu de paume et le Bara de David resteront inachevés, que son pendant Le Dévouement héroïque du jeune Désilles, de Jean-Jacques Le Barbier dit l'Aîné, devra subir des transformations due au changement d'idéologie entre 1791 (esquisse) et 1794 (réalisation), que La Liberté ou la Mort de Regnault, est politiquement déplacé au Salon de 1795 post Thermidorien,