HISTOIRE DE L’ART / CONFÉRENCES THÉMATIQUES
La révolution francaise 1870
Gouvernement insurrectionnel principalement ouvrier, la Commune de Paris a dominé la capitale de mars à mai 1871. D’abord née d’un sentiment patriotique parisien issu de la guerre franco-allemande de 1870, elle prend aussi le visage d’un mouvement social.
1871-18 mars: Début de la Commune. Les Parisiens se sentent trahis par le gouvernement de Défense nationale qui a capitulé face aux Prussiens et s'est installé à Versailles. Adolphe Thiers fait enlever des canons érigés par le peuple pour se défendre contre l'ennemi. Mais les soldats chargés de la mission sont encerclés à Montmartre par une foule pacifique, avec laquelle ils fraternisent. Thiers fuit à Versailles. Prise de l'Hotel de Ville.
26 mars: Élection de la Commune.
2 avril: Premier combat entre fédérés et versaillais.
16 mai: La colonne Vendôme, symbolisant la gloire de Napoléon Ier, est déboulonnée par les insurgés de la Commune de Paris.
21-28 mai: "Semaine sanglante". Combats de rue et répression font plus de 20000 victimes.
4 septembre: Courbet est nommé président de la fédération des artistes. Il sera accusé d’avoir contribué au démontage de la colonne Vendôme et condamné à rembourser les frais.
1.0
L'imagerie sous le
second Empire
Vigneil Jules de (19e siècle) L'impératrice Eugénie en déesse de l'abondance
Gouvernement insurrectionnel principalement ouvrier, la Commune de Paris a dominé la capitale de mars à mai 1871. D’abord née d’un sentiment patriotique parisien issu de la guerre franco-allemande de 1870, elle prend aussi le visage d’un mouvement social. Mêlant blanquistes, proudhoniens et jacobins, elle aspirait à une république basée sur l’égalité sociale. Toutefois, par manque de consensus, de temps, de moyens mais aussi parce qu’elle doit s’imposer face au gouvernement versaillais d’Adolphe Thiers, elle n’a pas la possibilité d’atteindre ses objectifs. En effet, la Commune est littéralement écrasée dans le sang, une fin terrible qui fait d’elle le mythe du mouvement ouvrier.
– Bénouville Léon François (1821-1859) Martyrs chrétiens entrant à l'amphithéâtre
– Vigneil Jules de (19e siècle) L'impératrice Eugénie en déesse de l'abondance
1.1
Prémices: Courbet, l'atelier
Gustave Courbet (1819–1877) L’Atelier du peintre
En 1854 ou 1855, Gustave Courbet peint un grand tableau de 6 x 3 m, L’Atelier du peintre. Refusée à l’Exposition universelle, l’œuvre est montrée dans une exposition personnelle de l’artiste. L’Atelier a un sous-titre singulier – Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique –, mêlant deux termes en apparence antinomiques: Allégorie / Réalité.
"C'est l'histoire morale et physique de mon atelier, première partie. Ce sont les gens qui me servent, me soutiennent dans mon idée qui participent à mon action. Ce sont les gens qui vivent de la vie, qui vivent de la mort. C'est la société dans son haut, dans son bas, dans son milieu. En un mot, c'est ma manière de voir la société dans ses intérêts et ses passions. C'est le monde qui vient se faire peindre chez moi." (à Champfleury, janvier 1855)
Les implications politiques y sont évidentes puisque figurent sur la toile à la fois Napoléon III et Proudhon. C’est un tableau d’Histoire, en ce sens que le sujet, dans un format imposant, célèbre un événement considéré comme majeur par l’artiste: sa peinture de la société, son idée de la place (centrale) de l’artiste dans cette société, son manifeste esthétique, bilan de son travail.
- Au centre, le peintre, son modèle (la draperie serait peut-être l'art académique), le tableau dans le tableau (la nature, son inspiration - et Ornans, son pays) le berger comtois qui l'admire. Jugement dernier où l'artiste tient le rôle de Dieu: les réprouvés d’un côté, les élus de l’autre, selon une religion commune aux socialistes utopiques, aux romantiques, ainsi qu’à Proudhon. Courbet se considérait comme un républicain "de naissance", ayant suivi en 1840 "les socialistes de toutes sectes", à condition qu’ils défendissent un "socialisme humanitaire".La lumière, venue de droite, éclaire les bons.
Il a rassemblé là non seulement des types sociaux, mais des hommes identifiables derrière un déguisement rendu nécessaire par l’interdiction de peindre des sujets politiques. Hélène Toussaint en a tenté l'identification:
- A gauche de l’artiste (les damnés), exploiteurs et exploités. Un banquier (Achille Fould, ministre des Finances de Napoléon III ?), un curé (Louis Veuillot, journaliste, directeur de L’Univers?), un républicain de 1793 (Lazare Carnot?), un croque-mort (Emile de Girardin, fondateur de journaux populaires,qui a soutenu Louis Napoléon Bonaparte en 1851?), un marchand d’habits (Persigny, ministre de l’Intérieur de Napoléon III?), un chasseur (Napoléon III en costume de Badinguet?), au fond, les exploités (un faucheur symbolisant la vie des champs et un ouvrier représentant du monde du travail, un chômeur, une fille publique), un Chinois. A l'extrême gauche un juif "portant religieusement une cassette sous son bras droit", comme le précise Courbet … La guitare, la dague, le chapeau, le mannequin statue, stigmatisent l'art académique et le romantisme.
- A droite de l’artiste (les élus), non plus des allégories, mais des individualités plus aisément repérables. Baudelaire lisant (la poésie), Champfleury, sur un tabouret, le critique d’art qui soutint le réalisme (la prose), le couple Sabatier, collectionneurs montpelliérains et fouriéristes militants, Proudhon (avec ses lunettes) pour la philosophie sociale, Promayet pour la musique, Max Buchon pour la poésie réaliste, Urbain Cuenot, un ami intime de Courbet, Bruyas, le mécène de Montpellier; un couple enlacé représente l'amour libre, l'enfant lisant l'enfance studieuse.
1.2
La préparation des combats, les barricades
– Devambez André (1867-1944) La barricade ou l'Attente en 1871
– Devambez André (1867-1944) L'appel
– Devambez André (1867-1944) La charge boulevard Montmartre
1.3
Les combats
– Luce Maximilien (1858-1941) Une rue de Paris en mai 1871 ou La Commune
– Clairin Georges Jules Victor (1843-1919) L'incendie des Tuileries en mai 1871
– Gustave Boulanger (1824-1888) La Tour Saint-Jacques reprise par les troupes de Versailles (mai 1871)
– Carte postale, d'après un dessin de Robida: 28 mai 1871, 2 heures, prise de la dernière barricade située à l'angle des rues de Tourtille et Ramponneau malgré la défense désespérée des insurgés
2.0
Allégories:
La IIIe République
Roll Alfred (1846-1919) 14 juillet 1880
En fait, elles ne reflètent pas la Commune, ayant été réalisées ultérieurement, sous la IIIe République (1875-1940), et témoignent plutôt d'une sorte de retour à l'ordre, dans une idéalisation bourgeoise et consensuelle. Ne rendent compte de la situation politique réelle que des caricatures.
2.1
La Troisième République et le triomphe de Marianne
– Alfred Le Petit (1841-1909) Les 2 républiques, caricature, 1872
Les 2 républiques s'affrontent dans le journal monarchiste Le Grelot: la matrone tricolore qui incarne la république conservatrice de Thiers, héritée de 1789, et celle des blanquistes, furie ensanglantée issue de 1793.
– Le triomphe de la République, 1875, affiche
Le socialiste Auguste Blanqui (1805-1881) considérait que la Révolution devait être le résultat d'une impulsion donnée par un petit groupe organisé de révolutionnaires, qui donneraient le coup de main nécessaire à amener le peuple vers la révolution. Les révolutionnaires arrivant ainsi au pouvoir seraient en charge d'instaurer le nouveau système.
Alors que la Seconde République n’est qu’une brève victoire pour Marianne, avec la Troisième République, Marianne triomphe. L‘usage de son prénom s’étend à la France entière. Elle est partout, dans toutes les poses. Elle devient familière. Cette victoire n’est pas immédiate cependant.
Par le décret du 25 septembre 1870 le sceau de l’Etat redevient celui de 1848: la femme assise à couronne solaire remplace l’aigle impériale. Il est maintenu en 1871.
En février 1871, l’Assemblée, le Président, le Gouvernement sont monarchistes, attendent la Restauration et vivent dans la haine de Commune. Ils gardent tout de même les représentations de la République, mais interdisent le bonnet.
Les lois constitutionnelles de 1875, la présidence droitière de Mac Mahon, contribueront à imposer l'image d'une république sereine et triomphante, que renforcera et confortera l'exposition universelle de 1878.
2.2
Le retour difficile des symboles
– Allégorie de la République, gravure anonyme, 1876.
Triomphe à la romaine d'une république offrant au monde l'abondance et la loi, avec les dates jalons de 1789, 1792, 1848 et 1870.
- Alexendre Falguière (1831-1900) Victoire de la Révolution
Falguièreest chargé par le gouvernement de réaliser un groupe intitulé Victoire de la Révolution au sommet de l’Arc de Triomphe (le groupe ne résistera que 4 ans, de 1882 à 1886, avant de tomber en ruines): une femme, sur un char romain tiré par des chevaux s’apprêtant à "écraser l’Anarchie et le Despotisme", brandit les droits de l'homme et le drapeau national.
– Oudiné Eugè̀ne-André (1810-1887) Médaille biface en cuivre
Exposition Universelle de Paris, 1878
Cette médaille réalisée pour l’exposition Universelle de 1878 met en scène plusieurs personnages allégoriques et mythologiques. Au loin, en toile de fond, on aperçoit le Palais du Champ-de-Mars, le bâtiment le plus important élevé à l’occasion de cette manifestation internationale. Une femme incarnant la République française, organisatrice de l’Exposition, est représentée couronnant plusieurs autres allégories parmi lesquelles figurent les personnifications des arts et de l’industrie. Au bas de l’image, une figure allongée incarne la ville de Paris, ainsi que le rappelle l'emblème placé à sa droite. L’artiste médailleur, ici, reprend les codes existants dans la sculpture commémorative et académique de son temps en drapant ses figures à l’antique et en les dotant de la physionomie parfaitement idéalisée qui sied à la représentation de l’allégorie.
En février 1879, après la démission de Mac Mahon, l'élection de Jules Grévy à la présidence de la République achèvera le processus de conquête du pouvoir par les Républicains.
Le triomphe de la République devra donc s'appuyer sur un héritage minimal de 1789. Héritage qui commence par la Marseillaise, et l'installation du 14 juillet comme fête nationale.
2.3
La Marseillaise comme chant national
La Marseillaise fut décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention. Elle fut interdite sous l’Empire et la Restauration, puis remise en honneur lors des Trois Glorieuses, les 27-28-29 juillet 1830. Berlioz en élabora une orchestration qu’il dédia à Rouget de Lisle. La IIIe République en fait un hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une "version officielle" est adoptée.
– Auguste Pinelli (1823-1890) Rouget de Lisle composant la Marseillaise (?) 1875-1880
– François Rude (1784-1855) Le Départ des Volontaires de 1792, dit "La Marseillaise"
François Rude est associé au programme du décor sculpté de l'Arc de Triomphe de l'Etoile à Paris, de 1832 à 1836, rappelant les victoires de la République et de l'époque napoléonienne.
– Couverture du grelot, dessin de Pépin, février 1878.
La Marseillaise retrouve son statut de chant national, et apparaît ici sous les traits de Marianne, poussant ses enfants devant elle tandis que s'enfuient le noble et le prêtre, piliers de la réaction.
Alfred Roll (1846–1919) Le 14 juillet 1880, inauguration du Monument à la République (1882)
Statue en bronze de la République installée de 1880 à 1883 par Les frères Léopold Morice (1846-1919) et Charles Morice 1848-1918). Place de la République,1883. 9.50 m, piédestal de15.50 m. Elle est vêtue d'une toge à l'antique qui laisse apparaître un sein dénudé, ceinte d'un baudrier et coiffée d'un bonnet phrygien qui laisse échapper sa chevelure.
Sa main droite tend un rameau d'olivier tandis que son bras gauche prend appui sur les Tables de la Loi sur lesquelles on gravera par la suite "Droits de l'homme". Les trois grandes statues de pierre du piédestal représentent la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.
Le piédestal de pierre est entouré de douze bas-reliefs en bronze qui représentent les évènements majeurs à l'origine de la naissance de la République, entre 1789 et 1880. Un lion de bronze vert, de 3 mètres de hauteur, est couché au pied du monument.
– Aimé Jules Dalou (1838-1902) Triomphe de la Rébublique, place de la Nation
Le projet a reçu le second prix du concours pour un Monument à la République.
Elève de Carpeaux, ami de Rodin, il travaille jusqu'en 1870 dans les chantiers parisiens, pouis sera contraint de s'exiler pour cause de sympathies avec la Commune. Il rentrera en France en 1879 aprè!s avoir été amnistié.
Un exemplaire en plâtre a été placé en 1889 pour les cérémonies du Centenaire de la Révolution française, et seulement dix ans plus tard la version en bronze. A l'origine la statue se trouvait au centre d'un bassin, où baignaient des crocodiles représentant les ennemis de La République; les quatre crocodiles de bronze crachant des jets d'eau ont été fondus durant l'Occupation, le bassin supprimé en 1960.
La République domine un globe céleste placé sur un char tiré par deux lions (symbole du suffrage universel) guidés par le Génie de la Liberté. Elle est encadrée par deux figures: leTravail (un enfant, au pied d'un forgeron, soulève un gros livre, rappelant le rôle de l'instruction et du travail intellectuel), et la Justice (tenant la main de Justice, avec un enfant portant la balance). La Paix, placée à l'arrière du convoi, distribue les fruits de l'abondance.
2.4
Le 14 juillet
– Roll Alfred (1846-1919) 14 juillet 1880
– Steinlen Théophile Alexandre (1859-1923) Le bal du 14 juillet
– Hassam Childe (1859-1935) Impressionniste américain, Le 14 juillet, rue Daunou, 1910