HISTOIRE DE L’ART / CONFÉRENCES THÉMATIQUES

Révolution
français 1848

1.0

Les évenéments

Lamartine repoussant le drapeau rouge à l'Hôtel de Ville - Philippoteaux Henri-Félix-Emmanuel

22 février: l'interdiction à Paris d'un nouveau banquet (les banquets avaient été imaginés en juillet 1847 par les républicains pour contourner l'interdiction de réunion et d'association) provoque une manifestation lors de laquelle des protestataires sont tués par l'armée. Des barricades sont alors édifiées.

24 février: au terme des 3 journées insurrectionnelles, Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils, mais la IIe république est proclamée par un gouvernement provisoire (Lamartine, Dupont de l'Eure, Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Crémieux et Marie).

27 février: création des ateliers nationaux

2 mars: proclamation du suffrage universel (1es élections le 23 avril)

27 avril: abolition de l'esclavage

La France va vivre plusieurs semaines dans une douce euphorie communément appelée l‘Illusion Lyrique. Mais la IIème République connaîtra rapidement son lot de troubles et s'achèvera dès décembre 1851 avec le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte puis la restauration de l’Empire un an plus tard.

21 juin: La Commission exécutive décrète la fermeture des Ateliers nationaux.

23 juin: Début de la révolte populaire de juin avec des barricades.

24 juin: Journée la plus sanglante de l’insurrection. Le Panthéon de Paris est un des centres des combats.

25 juin: Contre-offensive de l’armée, appuyée par les Gardes nationaux et la Garde nationale mobile. Prises d’assaut de barricades. Assassinat par les insurgés du général Bréa, venu en parlementaire, près de la barrière d’Italie.

26 juin: Fin de la révolte avec la chute de la dernière barricade du faubourg Saint-Antoine. Exécutions sommaires et arrestations en nombre.

Mort de Mgr Affre, archevêque Paris, blessé par erreur le 25 juin. Sa mort fut attribuée aux insurgés.

Les journées de juin 1848 font de nombreuses victimes. Les forces gouvernementales perdent environ 1 000 morts, gardes nationaux (boutiquiers et bourgeois de Paris et de province), gardes mobiles (recrutés dans les parties les plus pauvres du prolétariat parisien) et soldats de carrière en grande partie des fils de paysans. Les insurgés perdent environ 4 000 morts pendant les combats. S'y ajoutent environ 1 500 fusillés sans jugement. Plus de 11 000 arrestations, gérées par des commissions militaires, sont faites pendant et après l’insurrection.

4 novembre: Vote de la Constitution. Elle prévoit une chambre unique, le pouvoir exécutif entre les mains d’un seul homme, et un président de la République élu au suffrage universel pour quatre ans, à la majorité relative et ne pouvant pas se représenter deux mandats de suite.

10 décembre: Election de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.

1.1

Les combattants

Leleux Adolphe-Pierre (1812-1891) Episode de la Révolution de 1848 "le mot d'ordre" 24 février 1848
Meissonier Jean-Louis-Ernest (1815-1891) La Barricade, rue de la Mortellerie, juin 1848, dit aussi Souvenir de guerre civile.

1.2

Les barricades

Eugène Hagnauer Incendie du château d'eau, place du Palais Royal, le 24 février 1848

Gabé Nicolas Edward (1814-1865) Barricade à la Porte St. Denis

Gabé Nicolas Edward (1814-1865) Prise du Panthéon le 24 juin 1848

Horace Vernet (1789–1863) barricade rue Soufflot

1.3

Le 25 février 1848

Philippoteaux Henri-Félix-Emmanuel (1815-1884) Lamartine repoussant le drapeau rouge à l'Hôtel de Ville

Le 25 février 1848, au lendemain du renversement de Louis-Philippe et de la proclamation de la République, une foule en armes fait irruption dans l'Hôtel de Ville et réclame l'adoption officielle du drapeau rouge en remplacement du drapeau tricolore. Depuis que la monarchie de Juillet avait imposé le retour des trois couleurs, en remplacement du drapeau blanc de la Restauration, le drapeau rouge était associé à la révolution sociale. De plus, l'idée de changer de drapeau lorsqu'on changeait de régime paraissait naturelle : n'est-ce pas ce qui s'était produit en 1789, en 1814 et enfin en 1830 ? Lamartine, au terme d'une longue lutte d'éloquence - cinq discours, dix-huit heures d'efforts et une quasi-syncope ! - parvint à imposer le drapeau tricolore en faisant prévaloir qu'il n'était pas l'emblème – remplaçable – d'un régime, mais celui de la nation dans sa continuité́.

Le sujet principal du tableau de Philippoteaux est la confrontation entre le poète, chef du gouvernement provisoire, et les partisans du drapeau rouge. Ceux-ci sont représentés par une Marianne coiffée du bonnet phrygien et montée sur un cheval blanc: on retrouve là les principaux attributs de l'allégorie de la République sociale. La scène se déroule sur le parvis de l'Hôtel de Ville, et non dans la salle de réunion du gouvernement provisoire, comme ce fut pourtant le cas. Lamartine est juché sur un fauteuil, le bras tendu pour signifier tout à la fois la prise de parole et le rejet du drapeau rouge. Comme les autres membres du gouvernement, il porte à la taille la ceinture bleu blanc rouge. Autour de lui, la foule brandit quelques drapeaux tricolores et salue, de la main ou du sabre, le poète et l'emblème. Cette dominance du drapeau tricolore n'est pas conforme à la réalité: c'est un drapeau rouge qui, le 25 février, flottait au-dessus de la porte de l'Hôtel de Ville et sur les toits environnants. Le tableau est à la gloire de Lamartine et de son drapeau, au détriment d'une représentation fidèle du rapport de force entre les partisans des deux emblèmes. Autour de cette scène centrale, le peintre a fait figurer quelques figures imposées de l'iconographie de février 1848. Un ouvrier mort, qui gît sur des pavés symbolisant les barricades, montré du doigt par un groupe de combattants, un blessé dans une civière, entouré et réconforté, se distinguent nettement. Dans les représentations de Février, les victimes sont ainsi souvent mises en exergue: la mort pour la révolution devient un sacrifice exemplaire qui ne saurait être vain puisqu'il appelle l'adhésion des cœurs aux vertus propres à fonder la république. Un homme déposant de l'argenterie sur un tas d'objet précieux est une représentation classique de la probité et de la discipline populaire unanimement glorifiées en 1848.

La foule assemblée mêle toutes les classes sociales (ouvriers en blouse, bourgeois en chapeau), fait figurer gardes nationaux et soldats au milieu des combattants, symbolisant l'union du peuple. On notera l'absence de femmes (à l'exception de l'allégorique Marianne), caractéristique de l'iconographie de 1848 et qui s'explique par leur faible participation aux combats. Le tableau de Philippoteaux, composition dense et vivante qui semble figurer l'événement pris sur le vif, se décompose en autant de scènes allégoriques caractéristiques de l'iconographie quarante-huitarde et du discours qu'on a voulu imposer. La révolution emportée par le peuple uni, unanime et discipliné accouche d'une république sage, que symbolise le drapeau tricolore.

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